Prologue

Mon ami de la vraie vie, Philippe B*, m’a demandé hier d’écrire une petite bafouille quotidienne sur ma vie chez les Yankees. Je ne me suis pas fait prier. Sauf que je n’avais pas vu l’adjectif. Oh purée mais « quotidien » c’est tous les jours !?! Pour gagner du temps, je me suis dit que j’allais d’abord écrire un prologue, trouver un titre, et of course rédiger une sorte de pacte de lecture…des fois que mes chroniques restassent pour la postérité (cher anthropologue venu d’un univers parallèle du futur qui est tombé par hasard sur mon « post » ne crois pas que le subjonctif soit fréquemment employé de nos temps ; d’ailleurs tu vois bien que je ne maîtrise pas la concordance des temps : un subjonctif imparfait ici c’est n’importe quoi ! Verba volent scripta manent… comme disaient les anciens). Mais réalise, les générations Y et Z ne savent même plus ce qu’est un subjonctif (« Ah fallait-il que je vous visse, fallait-il que vous me plussiez, qu’ingénument je vous le disse »… non je ne m’adresse pas à toi, cher anthropologue). Les Y et Z sont les premiers spécimens d’une nouvelle forme d’humain, l’homo sapiens sapiens electronicus (le deuxième sapiens au moins est peut être de trop ? homo aussi tu me diras…). Nous, dernières traces du genre sapiens sapiens dactylographus, sommes déjà en voie d’extinction. Une comète a tué les dinosaures. Nous c’est internet qui nous est tombé sur la tête. Voilà j’ai décidé de faire ici, cher anthropologue, mon acte de rébellion contre les petits poucets et petites poucettes de Michel Serres, juste avant de mourir. Un acte de résistance sur le medium même des électronicus. Devrais-je plutôt dire electronici (ou même medium elecronicorum) ? Alors oui, cher anthropologue, ma résistance c’est d’abord de rédiger des posts en français ancien, en français tout court quoi (mais tu sais, sois indulgent… il n’y a pas que la concordance des temps qui pèche chez moi, l’orthographe aussi parfois… je vieillis) .

J’hésite entre plusieurs titres ; what about : « à la recherche du temps perdu passé sur Facebook », « les Essais de Laurence de Mamaroneck » ou bien les « confessions d’une desperate housewife » ?
Ca pourrait commencer par un « longtemps je me suis levée de bonne heure » (maintenant je glande au lit jusqu’à pas d’heure vu que je ne bosse plus). Mais bon, franchement déjà que mes posts sont beaucoup trop longs (d’ailleurs j’écris sûrement déjà dans le vide), les phrases à rallonge cela « ne va pas le faire » (cher anthropologue je parle parfois comme mes filles – des générations Z ou AA ?- mais tu noteras les guillemets. J’ai du recul moi Monsieur !). T’aimes pas ?..… alors pourquoi pas « c’est ici ami Facebook un post de bonne foi […]. Si j’étais né(e) parmi ces populations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des lois primitives de la nature, je me serais très volontiers, je t’assure, « selfiée » et dans la plus complète nudité ».. Je te rassure tout de suite cher anthropologue je ne vais pas poster des photos de moi à poil. Déjà que Facebook censure les photos de femmes qui allaitent ; en ce qui me concerne, même pour une pub du cancer du sein, ça ne le ferait pas non plus (décidément j’écris vraiment comme un YZ)… Les partisanes de la Leche ligue disent qu’allaiter ça permet de conserver une poitrine de rêve. Mes fesses oui. J’ai allaité mes trois filles. Le résultat ne me permet décemment pas d’exposer mon buste sur la Toile. Peut-être aurais-je pu accompagner les Femen qui on accueilli le président Iranien. Là au moins, j’aurais fait quelque chose de bien. Excuse-moi, je m’égare…
Faisant mon Rousseau, je pourrais aussi dire « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur (heureusement me diras-tu). Je veux montrer à mes amis Facebook une femme dans toute la vérité de la nature ; et cette femme, ce sera moi ». Roulement de tambours…Tu trouves pas que Rousseau, il devait savoir que Facebook allait exister ? Son style annonçait déjà la modestie du(l’) (im)posteur (t’as un meilleur nom pour une personne qui « poste » sur Facebook ?) moyen.


Bon mais soyons réaliste, je ne m’appelle ni Marcel, ni Michel, ni Jean-Jacques. Donc contentons- nous simplement de « chroniques de Mamaroneck » ou sous-titre : chroniques d’une pas encore mais presque desperate housewife, sous-sous titre « ils sont fous ces yankees ». « Chroniques, chroniques de Mamaroneck »….Oui, cher anthropologue, une question ? Non pas « Chroniques Mamaroneckiennes (je ne suis pas là pour coloniser les Yankees ; Ray Bradmachinchouette j’ai lu ça quand j’étais au collège), cher anthropologue, je répète : « de Mamaroneck ». J’ai pris une autre référence américaine : la Californie… San Francisco… allez un effort : Wordbread tu connais pas ? Ah oui, tiens en anglais ça sera : « Tales of the Village » (of Mamaroneck).

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