Saint Valentin pour tous

Après le mariage pour tous, la Saint-Valentin pour tous ?

Pour la Saint-Valentin, les américains dépensent 19 milliards de dollars. 55 % d’entre eux ont planifié de fêter la Saint-Valentin avec leur « significant other ».
Pour les français qui n’ont sans doute que des « partenaires insignifiants » cela avoisinerait plutôt les 40%. Sans doute complexé, l’américain moyen compense par un budget de 140 dollars deux fois plus élevé que celui du French lover. Il faut dire que le français est beaucoup, beaucoup plus lucide : la Saint-Valentin est définitivement une fête marketing dans son esprit
Pour revenir aux statistiques, ce pourcentage diminue de façon significative pour ceux qui dépassent les 44 ans. Moi qui rêvais d’une Saint-Valentin grandiose, je vais pouvoir me contenter d’une petite soupe en famille. Je dois avouer que cela faisait un certain nombre d’années que nous étions passés dans la catégorie des 45%. Nous avons toujours été de grands rebelles. Nous la Saint-Valentin c’est tous les jours sauf le 14 février.
Nous découvrons ici une nouvelle forme de Saint-Valentin. La Saint-Valentin des enfants qui la fêtent de façon très officielle à l’école. Cette habitude date du début du 20ème siècle. L’amitié c’est un big deal ici et ça n’est pas considéré comme inné alors ça s’apprend. Là où le petit français doit se démerder tout seul sur le tas, le petit américain apprend très tôt à l’école comment être « a fantastic friend ». Il apprend aussi « how to find a friend » et les do’s et les don’ts d’un « caring friend » : il est recommandé de « listen », « help », « share », mais il n’est pas « appropriate » de « yell », « take »…
Là où le petit français casse les pieds de sa maman pour qu’elle accepte qu’il accueille chez lui son petit camarade ou encore mieux qu’il aille chez son petit copain, ici les kids ont des « play dates » formelles, organisées par leur mom comme tout le reste de leur agenda de ministre. Il faut se préparer très tôt pour entrer au « college ». Un des critères sera la sociabilité du petit Mike qui doit apprendre très tôt à être « popular »
A la lower school de Larchmont, la règle était très stricte vendredi : il ne fallait surtout pas prendre le risque qu’il y ait des enfants officiellement sans friend. Les enfants pouvaient donc offrir des cartes mais ils devaient le faire à tous leurs camarades de classe. Une maman anglaise – qui décidément n’a pas mon côté bienveillant – m’a dit en rigolant : « These americans, they really can’t stand failure! ». Il faut comprendre la maîtresse : sans cette règle, chaque enfant n’aurait offert de cartes qu’à son ou ses BFF (Best Friend Forever…). Ceci dit « best » c’est vite dit : on peut évidemment multiplier les best friends sans qu’il y ait contradiction dans les termes. Jade qui a 7 BFF (« que 7 ») a ainsi précisé sur ses cartes : « for one of my BFF ». Par ailleurs, « forever » signifie jusqu’à la prochaine dispute dans la cour. Les disputes sont elles-mêmes très encadrées. Je vous éviterai, pour cette fois-ci, le petit cours sur la prévention du « bullying » (harcèlement) dans les cours de récréation.
Pour savoir ce que nos petits européens pensaient de la consigne, j’ai fait un petit sondage dans mon carpool préféré : « et bah moi il est hors de question que j’offre une carte à mon ennemi » s’est exclamé le petit A*, un blondinet tout à fait charmant.
« C’est nul, quelqu’un qui t’aime pas il saura pas quoi t’écrire sur sa carte » a renchéri la petite L*.
Les grands du collège et du lycée « se prennent moins la tête ». Les terminales utilisent l’événement pour lever des fonds pour la « prom » qui aura lieu en juin ! Ils vendent des cartes et une fois que celles-ci sont rédigées, ils les délivrent en personne et en musique dans les classes à la personne qui en est destinataire. Donc le jour où l’on fête la Saint-Valentin, les cours sont un peu perturbés.

Chet Baker – My Funny Valentine
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