Dicton de mon ami « native american » : « quand homme blanc être amnésique, racisme durer très très longtemps ».
Trump essaie de s’inscrire dans un mouvement de rupture anti-establishment mais il s’inscrit surtout dans une longue tradition de la politique américaine : le rejet des immigrants les plus récents par les plus anciens. Hier avec mes copines Housewives du Westchester, je suis allée au musée des tenements dans le Lower East Side qui en matière d’immigration complète celui d’Ellis Island en montrant le quotidien des immigrés. Nous avons donc pu imaginer la vie d’une famille irlandaise au milieu du 19ème siècle (vous pouvez aussi revoir « Gangs of New York » de Scorsese …). Le Lower East East side a longtemps été un des laboratoires du melting pot américain où se sont succédées différentes vagues d’immigration, irlandais, allemands, italiens, juifs d’Europe de l’est, chinois, porto-ricains… Or toutes ces « Hands that built America » selon les termes de la chanson de U2 ont subi à une période ou une autre un discours anti-immigration très violent.
Dans les années 1850, face à l’afflux massif de millions d’irlandais et d’allemands qui fuyaient les famines en Europe, un groupe anti-immigration de personnes qui se déclaraient « native-born » Americans avaient alors formé le « Native American Party » aussi connu sous le nom de « Know Nothing party » car ses membres répondaient quand on leur posait des questions sur leurs activités politiques « I know nothing about it ». Ils étaient sans doute frappés du même genre d’amnésie que Trump qui a répondu à un journaliste lui demandant s’il rejetait le soutien de David Duke du Ku Klux Klan : “I just don’t know anything about him”. Les « Know nothing » discriminaient les irlandais pour des raisons économiques et religieuses. Ils voulaient garder le travail pour les « true American » et préserver la pureté religieuse protestante de leur pays. Quoique franchement blancs et franchement anglo-saxons, les irlandais avaient pour défaut majeur d’avoir un « scandalous character » catholique. Ils étaient donc suspects d’une trop grande loyauté envers le pape. Des lois restreignaient leurs droits de vote, ou les obligeaient à renier leurs croyances. Les petites annonces de boulots stipulaient parfois « no irish need apply ». On leur reprochait leurs manières, leur prétendue fainéantise, leur manque de discipline, leur alcoolisme, leur propension à la criminalité et leur goût pour la violence collective (rien d’original sous le soleil). Au temps de la physiognomonie reine, tout cela se traduisait forcément dans leur apparence physique. Comme pour les noirs, les journaux les caricaturaient sous forme de singes. Le sentiment anti-catholique s’est plus ou moins éteint à la mort de Kennedy qui lors de son élection a quand même dû se justifier : « I am not the Catholic candidate for President. I am the Democratic Party’s candidate for President, who happens also to be a Catholic. I do not speak for my church on public matters — and the church does not speak for me ».
L’histoire se reproduit et de génération en génération, les plus anciens immigrés refusent toujours d’ouvrir les portes aux plus récents. Aujourd’hui on n’insulte plus les « irish papists » mais les « extremist islamist ». On pourrait voir la chose de manière positive : les immigrants subissent nécessairement un certain nombre d’années de discrimination avant d’être intégrés. Malheureusement cela ne se finit pas toujours aussi bien que pour les irlandais.
Le problème fondamental du « nativisme » repose sur la référence. S’il faut être « native American » pour être « true American », qui d’autre que les « indiens » (arrivés sans doute vers 12 000 avant JC sur le continent ) peut prétendre au titre ? Trump ? J’en doute. En tous cas « true racist », là il n’y a pas de doute.