Avec la douzaine de gamins dans le jardin à la chasse aux oeufs, le gigot dans l’assiette, et le zinfandel dans les ve
rres, je n’avais pas lu le journal ce weekend. En le parcourant ce matin, j’ai découvert cette bien triste nouvelle : la mort de Jim Harrison. M’est tout de suite venu à l’esprit cet extrait d’un sketch de Desproges : “J’ai pas peur de l’avouer, j’avais quarante ans passés, eh bien, le jour de la mort de Brassens, j’ai pleuré comme un môme. J’ai vraiment pas honte de le dire.
Alors que – c’est curieux – mais, le jour de la mort de Tino Rossi, j’ai repris deux fois des moules.” Si on remplaçe Brassens par Jim Harrison et Tino Rossi par Nancy Reagan ça fonctionne aussi. Ce n’est pas très politiquement correct évidemment. Heureusement, restent ses livres et le plaisir de les lire. Il venait de publier « The Ancient Minstrel » que je n’ai pas encore lu. Dans l’une des trois nouvelles, il imagine sa mort… entre les jambes d’un femme biensûr : “A lovely jogger in green shorts discovers me and stands above my head . . . . It occurs to me that looking up at her winsome crotch I was born and am dying between a woman’s legs. How appropriate because this locale had drawn a fair amount of attention in my life.”. Il résume ici une des ses obsessions littéraires et terrestres. Il savait aussi peindre le sublime de la nature écrasée sous un soleil de plomb ou transie sous la neige, les hommes solitaires, violents et libres, les animaux , la chasse et la pêche, toute une Amérique sauvage, déjantée, politiquement pas correcte… . Lust for life. Humour, paillardise et dépression. Eros et Thanatos.
