Petite fable sur le fait que les garçons et les filles c’est pas pareil, voire c’est franchement différent.

Bon, le baby sitting d’animaux n’est pas ma spécialité première (même si Coco a survécu malgré les crainte d’Armelle qui a eu peur en lisant ma chronique à son sujet). En toute honnêteté, je ne suis pas non plus très douée pour garder les garçons… Ces petites bêtes-là, il faut les surveiller comme le lait sur le feu et moi j’ai tendance à oublier les casseroles sur la plaque. Avec mes Morissettes, je n’ai pas l’habitude.

L’autre jour, je glandais, assise sur un banc près de la petite plage de notre communauté. Jade jouait dans le sable en se racontant ses petites histoires. Si vous connaissez le film Vice Versa, chez Jade la chef c’est Joy.
J’essayais vaguement de terminer « 2084 la fin du Monde » de Boualem Sansal …. Il y a des moments où l’attention baisse, après déjeuner une douce torpeur vous saisit et vous piquez du nez sur votre bouquin.
Ce jour-là je fus réveillée par des voix. Anne Be arrivait avec Amaury, le petit blondinet du carpooling, celui qui imite si bien l’accent british quand il me dit « Thank you for the ride ». Anne Be montrait les environs à sa sœur. Au bout de quelques minutes la petite troupe décide de continuer la ballade ailleurs. Amaury et son cousin Calixte ne sont pas de cet avis : Franchement, les ballades c’est nul. Je fais un signe à Anne Be, je peux les surveiller aisément en plus de Jade. Adjugé vendu. « Ne jouez pas sur les rochers les garçons » lance Anne Be en s’éloignant. Je reprends ma lecture. Après avoir relu 3 ou 4 fois la même page, je me lève, pour vérifier ce que font nos deux amis. Jade continue ses pâtés sur le sable. Pas de garçon en vue. Je contourne le mur de la propriété qui jouxte la plage et les aperçois en train d’escalader, sans doute pour aller explorer le terrain du voisin. L’herbe est toujours plus verte de l’autre côté de la barrière. Je ne les connais pas mais je sais que ces gens là ne sont pas les meilleurs amis de Steveet Jen, nos charmants voisins. Je m’imagine déjà que Monsieur, sans doute dominé par Colère, croyant voir dans nos charmants garçonnets un dangereux dusky cambrioleur (je vous recase un mot que j’ai appris récemment) va lancer son molosse sur les enfants. Je calme Colère qui se réveille dans mon cerveau et je leur suggère donc gentiment mais fermement de revenir sur la plage et décide de changer de banc, pour ne plus les quitter des yeux. L’un des deux gaminous se met à grimper à l’arbre qui pousse bizarrement sur le bord des rochers (il y a des arbres vicieux). Amusée (Joy n’a pas totalement disparu chez moi), je suis sa progression jusqu’à ce que Peur s’énerve : « Danger hurle-t-elle. Imagine qu’il tombe ! »… « Du calme »….lui dit Colère que ma lecture a franchement anesthésié : je conseille quand même à Amaury et à Calixte de trouver un autre jeu.
Décidément, l’empêcheuse de tourner en rond commence à les agacer. Peut être auraient-ils dû partir faire une ballade ? Qu’à ne cela ne tienne, ils ôtent leurs chaussures et commencent à marcher sur le sable. « Enlevez aussi les chaussettes les gars tant qu’à faire » suggère Dégoût … Vous pouvez mettre les pieds dans l’eau mais pas trop loin. Vu la pente, ils ne risquent pas de se noyer (Humour n’est pas un personnage de Vice Versa mais bon…). « Maman ça va se finir en catastrophe » me dit Jade philosophiquement. Oui, au pire ils finissent les 4 fers en l’air dans l’eau. Rien de grave.
Je les aperçois qui attrapent des huitres et commencent à les balancer sur la plage. Je leur demande d’essayer de s’éviterréciproquement. Puis me replonge dans mon roman. Un cri. Calixte a les mains dans l’eau. Il a visiblement trébuché mais a réussi à se rattraper in extremis. « Tout va bien ? ». OUUI…Ouf on l’a échappé belle dit Peur !.
Quelques minutes après, je l’aperçois qui s’avance vers moi, les mains tendues… qui pissent le sang. Heureusement la maison n’est qu’à deux cents mètres de là. Calixte serre les dents sur le trajet. Très très courageux le petit. Mais plus nous avançons, plus je le vois pâlir. Je lui passe la main sous l’eau. Il hurle. « Tu es un homme et les hommes ça ne pleure pas » lui glisse Amaury mais bizarrement cela n’a pas l’air de consoler son cousin. J’appelle Victoire pour qu’elle m’aide : mais à la vue du sang, elle manque défaillir (dans ces cas là, la chef c’est Dégoût, chez elle).
Nous courons partout pour chercher un désinfectant et des pansements et évidemment n’arrivons pas mettre la main sur ces derniers qui ont bien entendu refait surface le lendemain de l’affaire (comme les arbres, les pansements sont vicieux). Bref, je suis mal équipée : quelques pauvres pansements, le plus petits possibles pour qu’ils ne se voient pas : les filles n’ont pas ce genre d’accident. Au pire elles se coupent avec une feuille de papier. J’applique quelques kleenex sur la blessure pour arrêter l’hémorragie. Après avoir préalablement protégé mon canapé avec une vieille serviette de plage (Dégoût se porte aussi très bien chez moi), je colle tout le monde devant la télé : pour être sûre qu’il n’y ait pas de sur-accident. Je pars à la recherche des mamans que je retrouve rapidement. J’envoie un sms à Anne Be dans la soirée pour savoir comment tout cela s’est terminé : le service d’urgence a finalement appelé un chirurgien. 5 points de suture… Quand même. C’était vraiment une mauvaise coupure. Le lendemain chez CVS je m’achète un kit de premier secours. On ne sait jamais : Jade s’est mise à la chasse aux écureuils dans l’arbre du jardin.

 

 

 

 

 

Photo de Laurence Morisseau.

 

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