De l’optimisme béat et du doute philosophique

Vendredi soir, il y a une semaine, alors que je somnolais d’un oeil dans les derniers rayons du soleil qui arrosaient le jardin, tout en me lamentant intérieurement de la difficile condition de Desperate Housewife, j’entends soudainement parler français sur le chemin qui mène au Club House du quartier. Constantin et Armelle partaient inspecter l’état d’avancement des travaux de la piscine en cours de rénovation.Le 30 mai, c’est à dire lundi prochain, nous fêtons Memorial Day, considéré ici comme le début de l’été. La piscine du voisinage ouvre généralement ce weekend-là. Or, les travaux du club house ayant pris environ 10 mois de retard, ceux de la piscine n’étaient pas non plus spécialement avancés. Cela a provoqué une certaine anxiété dans le coin, notamment dans la communauté française. Certes le mois de mai a été particulièrement pluvieux mais les beaux jours sont enfin arrivés. Vendredi donc, nous constatons que la piscine était encore jonchée de gravats en tous genres ; mais de revêtement, pas de trace visible. Terminer et remplir la piscine en l’espace d’une semaine paraissait relever du miracle. Deux personnes qui papotaient sur la terrasse du club house – en nous observant – nous demandent aimablement (les Américains adorent parler de tout et n’importe quoi, surtout avec n’importe qui, comme si vous étiez les meilleurs amis du monde) : « what do you think ? It will be ready before the end of May ? – Well if you mean next year, sure ! Le gars répond: Well … I am an optimist. Let’ see. – You’re the kind to see the swimming pool half full ? que je rétorque du tac au tac. That’s a good one ! Je pense : – yeah, but try to swim in a half full swimming pool… ». Discussion typique franco-américaine.

Mardi soir, les filles et moi dînions tranquillement, quand soudain j’aperçois du coin de l’œil, un gros camion sur le parking du club. Je chausse mes lunettes. Je plisse les yeux et lis « Swimming Pool Water ». Ils ne vont quand même pas remplir la piscine non terminée ?! J’envoie un sms à Armelle pour lui annoncer la nouvelle. Elle me répond : « C’est un poisson d’avril ? – Non on est en mai et je ne suis pas du genre à faire des blagues à deux balles… ». Armelle saute sur son vélo avec ses filles. Je veux dire, chacune saute sur son propre vélo et pédale à toute berzingue vers la piscine. Je les rejoins à pied et là je percute : l’eau venait de Canaan (Connecticut certes…mais bon c’est déjà ça) et sur le camion était écrit en caractères dorés « In God we trust ». De là à penser que l’eau était non seulement chlorée mais bénie…. En tous cas la piscine était terminée et en train de se remplir.
Je ne jurerais pas que la restauration de la piscine durera quinze ans, mais en tous cas, la piscine est prête pour lundi. Les mauvaises langues me diront que ramener l’eau de piscine en camion (il en faut dix pour remplir la piscine) n’est pas spécialement écologique. Soit. Ce sera sûrement le sujet d’une future chronique.

 

 

 

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