4 hours and a half at the DMV this morning : No one is fierce enough to dare say that I don’t REALLY looove my daughter Constance !

Comme je suis une mère parfaite, ce matin j’emmène Constance à Yonkers non pas pour aller faire du Kayak sur les bords de l’Hudson River mais pour qu’elle passe son code à la DMV (Department of Motor Vehicles), l’équivalent de nos Préfectures. Nos camarades Français qui se plaignent beaucoup sur Facebook en ce moment pensent avoir le monopole des grèves. Il est difficile de le leur contester. Ils croient aussi détenir celui des administrations kafkaïennes. Ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. L’Administration est une plante qui pousse sur tous les sols, même sur ceux où on l’attend a priori le moins. Quelques visites à la sécurité sociale yankee, et à la DMV m’ont montré que l’administration française doit faire face à une compétition sérieuse. Prenons la DMV donc, certains rigolos ont détourné l’acronyme en « Drivers’ Masochistic Visit » ou « Devils, Maniacs, and Villains ». Quant au récent dessin animé « Zootopia », il y fait travailler des sloths (paresseux), sympathiques certes, mais qui Don’t Move Very fast. Comme dirait Constance, ils sont loin de la réalité.

Constance a révisé son code donc, sur le tard certes, mais ça c’est anecdotique. Le test en soi est une formalité de 20 questions du genre « A driver who is taking a non-prescription drug should : 1. Drive only during daylight hours 2. Continue to drive 3. Read the labels on the drug before driving 4. Drink alcohol instead ». Même les électeurs de Trump passent le test (il faut 14 bonnes réponses).
Non, là n’est pas le problème, ce qui est vraiment compliqué… c’est tout ce qui va autour. Nous avions pourtant lu en long en large et en travers TOUTES les indications du site de la DMV de New York pour être sûres d’emmener tous les justificatifs idoines. Nous pensions bien avoir les 6 points. J’étais même allée à la sécurité sociale pour récupérer une lettre stipulant que Constance n’est pas éligible à la sécurité sociale. Sans me poser la question de l’utilité d’une telle démarche. Avec les administrations il ne faut surtout pas commencer à réfléchir. J’y suis même allée deux fois, parce j’aime la sécurité sociale américaine d’abord et ensuite parce que le document n’est valide qu’un mois et que – Bac oblige, Mademoiselle avait décalé son code. Great. I loooove la sécurité sociale, they are just greaaat. I loooove also Constance.

Confiantes, nous arrivons à Yonkers, nous prenons un ticket : W011. Ca sentait le ticket gagnant à plein nez. Premier guichet, le guichet n°3 : une jeune femme nous sourit (à la sécurité sociale, la camarade guichetière sourit moins),prend nos documents. Elle est en formation. Elle explique donc tout haut à sa formatrice ce qu’elle contrôle : elle épluche le formulaire DMV-44, checked, le formulaire DMV- 45 : checked as well. Passport, checked, de la mère et de la fille. Test de la vue de Constance : passed. Driving licence de la mère checked… Elle décore notre document de hiéroglyphes rouges en hochant la tête d’un air satisfait. Nous obtenons le premier tampon. YESSS ! Les deux gentilles dames du guichet 3 nous orientent vers le guichet 6 : celui pour passer le code. Il n’y a que deux personnes dans le bocal aux ordinateurs. Incroyable, tout va pour le mieux. Je me dis intérieurement, on va être sorties vite fait bien fait. Quand je pense qu’il y a des copines qui se plaignent de la DMV (y en a qui n’ont toujours pas dépassé le guichet 3). Les français ne sont jamais contents : quel que soit le pays où ils se trouvent ils se plaignent. La souriante du guichet 3 : « Allez attendre là-bas mon petit, sans mummy of course. Good luck ». Ok mummy va attendre dans le grand hall avec la plèbe. « Bisous. Bonne chance ». See you in a few minutes.

A few seconds later, Constance revient renvoyée dans ses 22, par le monsieur du guichet 6 : « Attendez d’être appelée ». Je retourne au guichet 3 pour demander gentiment : Was passiert ? pas en
allemand évidemment ça pourrait être jugé agressif. On me répond en souriant que c’est normal, il faut vérifier les documents. Normal.50 minutes plus tard on nous appelle au guichet 12 (3, 6, 12 vous noterez la suite géométrique). C’est bon signe… La dame reprend tout le dossier de A à Z, contrôle ce qu’a vérifié la première dame, y compris les hiéroglyphes en rouge du guichet 3 qu’elle a du mal à déchiffrer. Peut être qu’ils ne parlent pas la même langue à tous les guichets. Ses efforts sont couronnés de succès, elle relève le nez : tout va bien. « Wait !… , je vais montrer tout ça au superviseur dit-elle, il va vérifier votre statut auprès de la douane». OK fine, normal. Nous avons un visa pas de souci. 10 minutes après elle revient et appelle : Constance y va. Non elle veut parler à Mummy. OK. Mummy arrive. « Can I see your employment authorization card ? – My WHAT ? – your employment authorization card. Do you have one ? – Yes I do mais c’est quoi le lien avec le code de ma fille ? Ca a « popped up » in the système. Elle commence à me pomper avec son pop up. Du tac au tac : 1) d’abord it was not mentioned on your website 2) what if I didn’t have an employement authorization, my daughter couldn’t have her learner permit ? D’ailleurs j’en ai pas besoin d’autorisation, je suis desperate housewife moi Madame. Faut quand même pas un permis pour ça ?! – La guichetière : « J’veux pas le savoir, le système le demande c’est comme ça . C’est pas ma faute. ». Le mot magique. Là je comprends qu’il y a des batailles dans lesquelles on ne doit pas s’engager si on veut gagner la guerre. Drapeau blanc, cessez-le feu, on va la chercher, la Employment authorization Card. « Mais que se passera-t-il quand on reviendra, faudra recommencer tout à zéro ? ». Magnanime elle répond : « Bien sûr que non, vous pourrez repasser directement ». C’est bon coupez les micros.

Sur le chemin du retour, je respecte moins les limites de vitesse que d’habitude. Heureusement la police est déjà occupée ailleurs. Ce serait quand même stupide que je perde mon propre permis si chèrement acquis. « Hello we’re back » que je dis à la dame de l’entrée qui ne me reconnaît pas. Forcément à 11H30 ce n’est plus la même que ce matin à 9H00. Je commence à expliquer le schmilblick. Elle me coupe au bout de 3 mots. Elle ne veut pas savoir. Elle n’est pas là pour parler du fond des dossiers mais pour organiser. « Prenez un ticket. – No way I was there this morning ». Comme elle préfère se débarrasser de moi : « Alors allez à la réception, guichet 2 (elle aurait pas pu m’envoyer au 24. Non elle préfère me détruire ma suite !). Obéissante, je me mets dans la file ,… après dix personnes aussi heureuses d’être là que moi. Ca ne va pas être coton de doubler… J’aperçois la petite élève guichetière du guichet 3. Euréka. En bonne française, je me faufile et me rappelle à son souvenir. « Ah bah j’sais pas moi ». Visiblement elle très vite appris les phrases clé. Elle appelle sa chef, pas la même que ce matin, ce serait trop simple. Je lui montre mon dossier plein de hiéroglyphes : « Ah bah non, il faut tout recommencer, qu’est-ce qui me prouve que c’était bien vous ce matin et que les hiéroglyphes c’est bien nous …. ». Désespérée je montre la jeunette qui a pitié de moi. La chef abdique : « alors allez au guichet 18, il y a une superviseur ». Constance ne sait plus où se mettre : « non mais maman, on ne va quand même pas doubler tout le monde ».Telle une boule de billard, je me rends au guichet 18 et je recommence mon sketch. Même réponse. Mais j’aperçois une lueur d’intelligence dans le regard de la superviseur, alors je me calme, je respire et je gémis. « Vous comprenez, moi j’ai mon carpooling à aller chercher en début d’après-midi ». Je joue sur la fibre maternelle. Je réexplique, je montre mon dossier. « Regardez, je suis allée chercher mon employment authorization card – même si c’était même pas écrit sur le site web…- Votre authorization employement card ? »… Là je comprends intuitivement que j’ai trouvé la pierre d’achoppement. Elle est surprise. « – Mais qui a traité votre dossier ? – La dame du guichet 12 réponds-je. – Elle ne vous a pas donné un pass ? -Bah non… ». Je me tourne désespérée vers le guichet 12… vide bien sûr… Femme au bord de la crise de nerf. Et là miracle, la dame du guichet 12 prend une pause – bien méritée – à une table derrière celle du guichet 18. Sauvée. Elle corrobore mon histoire, revérifie tout et hop, nous ramène au guichet 2, édite un nouveau ticket le G284 (plus neutre mais plus sûr). Constance passe directement à la case test : « j’ai un peu la pression là hein me dit-elle ? ». Comme je suis une mère extraordinaire : « Non ma chérie, ce n’est pas de ta faute. Respire tout va bien se passer. L’important c’est que tu aies une meilleure note que papa ». 8 minutes plus tard (elle a pris son temps comme je le lui avais conseillé) elle ressort avec le code en poche. Elle a battu papa. Good Job !

Une petite heure et demi d’attente plus tard, puis guichet 17 où une nouvelle damecontrôle de nouveau tout ce qu’avaient fait ses prédécesseurs, me demande de lui donner tout ce que j’ai dû fournir à ses collègues comme justificatifs. Je sors donc mon employment authorization card… « Mais pourquoi vous me donnez ça ? » qu’elle me fait.

Bon allez, je vais aller me regarder en boucle la scène de la DMV de Zootopia. Ca va me détendre.

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