Après la cérémonie de graduation dimanche dernier, hier c’était THE PROM. Ca faisait longtemps qu’on en parlait et surtout qu’on la préparait. Nos amis Américains, soit ils sont en jogging, soit ils s’habillent façon Gala. Dans les deux cas ils ne font pas les choses à moitié. Si le terme « Prom » vient de promenade, préparer une Prom n’en est pas une : l’étiquette est précise et le process déposé.Etape n°1, trouver THE GOWN (the Robe). Direction donc le Westchester Mall de White Plains. Heureusement que j’avais pris des bonnes chaussures de marche, parce que nous avons léché de la vitrine, parcouru du mètre linéaire, que dis-je du mètre, du kilomètre. Vous noterez le « nous » de la mère qui s’identifie avec la fille. Première règle, THE ROBE must be longue. Nous sommes en terminale, donc nous avons ce privilège, voire ce devoir. Les petites secondes et premières n’ont le droit qu’à la robe courte. Nananananère. A la première boutique, faux espoir : devant les rayons entiers de robes, je croyais que nous trouverions ce que nous cherchions. Mais nous avons un goût pointu : THE GOWN MUST BE LONGUE but also sexy mais trop, colorful mais pas trop, droite mais pas trop, simple mais pas trop. Quand nous avons commencé à lancer des regards un peu blasés je me suis dit que cela allait durer, durer… « Non, trop verte, non trop rouge, non trop rose, non trop pailletée, non trop à fleurs, non trop rayée, non trop meringue, non trop transparente, non trop échancrée, non trop décolletée, non trop dentelles, non trop mousseline, non trop floue, non trop « mariée », non trop « veuve », non trop vulgaire, non trop moche, ah enfin géniale, … mais – après petit coup d’œil sur Facebook – déjà prise par machinette ». Oui, la prom est gérée en ligne à l’ère des réseaux sociaux : chacune affiche fièrement son choix. Pas touche pour les autres. Ce serait quand même rudement gênant que nous soyons deux à avoir la même robe. Purée, j’aurais dû envoyer son père. Il fait tellement mieux que moi ce genre de truc. Conclusion de l’étape 1 : après un nombre certain de magasins : nous trouvons enfin THE ROBE OF OUR DREAMS (et en plus de la même couleur que la robe de graduation !). OUF !
Ensuite, trouver THE DATE. Attention, il ne s’agit pas de la « date » (au sens du jour et de l’heure) mais de the « date » (prononcer « date » à l’américaine pour éviter tout risque de contrepèterie ce qui dans ce type de chronique serait déplacé). Pour ceux qui ne suivraient pas, the « Date » désigne le Prince ou la Princesse. Les féministes déploreront que – bien que nous soyons en 2016 et au pays du féminisme – c’est toujours le « Date » qui doit dénicher la « Date ». Autre point, Croyez-vous qu’à l’ère de Facebook, les princes gèrent les princesses comme celles-ci gèrent leurs robes ? N’ayant pondu que des princesses, je ne suis pas dans ce genre de secret. Quand on y pense cependant, il serait déplorable que deux Princes aient la même Princesse. Une fois leur choix arrêté, les Princes doivent faire leur « promposal ». Je n’ai pas besoin de vous traduire ce terme j’espère. Les Princes doivent alors être créatifs et courageux. A voir les best of des promposals sur internet, le bon goût et le romantisme n’est plus très à la mode. Le Prince n’est pas non plus très loquace. Pas de « Ah fallait-il que je vous visse, Princesse, fallait-il que vous me plussiez, qu’ingénument je vous le disse, que fièrement vous vous tussiez, fallait-il que je vous aimasse…. » (Genre Alphonse Allais), pas de « Altessissime, excusez-moi de vous demander pardon, me feriez-vous l’honneur insigne d’accompagner un vermisseau indigne au bal ? » (genre japonais traduit).Non, l’américain fait dans le très synthétique : « Prom ? ». Mais attention, le trop mauvais goût est un peu risky business. Par exemple, si le Prince apporte une pizza avec écrit en olives noires sur fond de fromage : « prom ? » la Princesse peut à juste titre lui répondre : « no, but thanks for the pizza ». Ce qui est rassurant, c’est qu’à la FASNY, le DATE franco-américain a de la tenue. Il fait dans la sobriété française, tout en respectant les traditions américaines. D’abord il appelle la princesse sur son portable : « l’autre jour quand je t’ai déposé chez toi, tu as oublié un truc dans ma voiture, je te l’apporte (c’est crédible, le côté français est galant et le côté américain sait conduire) – Ah oui ? ok alors ». Le prince arrive donc tel Zorro, sans se presser. Il rebigophone à son arrivée, pour faire sortir la princesse de son château. Et là surprise : une magnifique pancarte avec écrit « Prom ? ». Pas hyper original, mais clair et efficace. Sauf que la princesse, dont 50% des gênes proviennent de sa mère – a de ce fait des côtés « croisement de blonde et de poisson rouge ». Elle se dit en voyant l’affiche : «mais c’est quoi ce truc, j’ai jamais laissé une pancarte avec écrit « Prom ? ». Conclusion de l’étape 2 : Constance n’a pas répondu « No, but thanks for the pancarte ». OUF !
Avant dernière étape : the what ? Une fois qu’on a la Robe, la Princesse et le Prince (qui sera lui aussi habillé … mais là, j’imagine que c’est quand même plus simple), il faut penser à la petite touche finale. Et là, la novice que j’étais n’y avait pas du tout pensé. Heureusement, que Sophie, la maman du Prince a de l’expérience (elle a quatre Princes à son actif, alors vous imaginez). A la graduation, elle me glisse d’un air entendu : « pour le « Corsage », elle veut une fleur de quelle couleur la Princesse ? ». Ma mâchoire s’effondre : « Mais Sophie, nous n’avons pas de corsage, nous avons une Robe longue, enfin ! ». Et là, je comprends que j’ai encore dit une connerie. Alors pour les béotiens de la Prom, comme moi : The « corsage » est un terme qui signifie le petit bouquet de fleurs que la Prom Girl accroche à sa robe ou porte en bracelet à son poignet. Sophie m’explique ensuite que la Princesse doit offrir a «boutonnière » au Date (prononcer encore avec l’accent américain qui imite l’accent français). Alors, ne sachant pas où acheter une « boutonnière », je surfe sur le net. Conclusion de l’étape 3 : « there is no business like the Prom – except show business » chantaient les « five Donahues » avec Marylin dans le film presque éponyme.
Dernière étape ou presque. J’avais trop vu de films de série B avec des proms : je croyais que le Prince venait chercher la princesse en carrosse ou en limo. Que nenni. La Princesse Mamaroneckienne se prépare avec ses copines et c’est Papa et Maman qui emmènent les Girls à la Pré-Prom. Conclusion de l’avant dernière étape : Franchement les Proms c’est plus ce que c’était !
Etapes inconnues. Ensuite, il y a la prom et l’after prom. Mais là, les parents ne savent généralement pas ce qui s’y passe.
Conclusion : Cinq ans pour me remettre de la première Prom et me perfectionner pour la Prom de la Morissette n°2 c’est pas de trop.