La Reine des Pommes

Record battu : moins d’une semaine. Comme il fallait s’y attendre, j’ai déjà abandonné ma « bonne » résolution 2017 : je ne serai pas totalement une bad mom. Pas facile de changer de rôle au pied levé. J’avais complètement oublié mes engagements de « good mom » pris en 2016 auprès des déléguées de classe : faire 25 crêpes pour la Chandeleur et la galette des rois pour l’Epiphanie. Cela me permet de vous servir de nouveau une petite tartine sur le feel good movie « Bad Mom ». En ce début d’année, il faut accommoder les restes des fêtes.
Une des scènes va « ring a bell » auprès de toutes les would-be-perfect-moms du Westchester, la scène de la réunion d’urgence du PTA (Parents Teachers Association). L’héroïne – qui travaille (alors que l’housewife de base glande toute la journée) – est sommée d’y assister le matin même par la présidente de l’association, sorte de barbie blonde à tendance autoritaire voire nazie au point qu’elle ne déparerait pas dans une photo de famille trumpienne. En arrivant après une journée de merde – n’ayons pas peur des mots – notre héroïne découvre que la réunion d’urgence du PTA concerne « an issue that radically affects the security of our children ». De quoi s’agit-il ? Une fire drill ? Une lockdown drill Non mais presque : une « bake sale ». Après avoir présenté sa famille parfaite, la nazie-barbie, énonce les consignes de sécurité de cette fameuse bake sale (voir l’extrait ci-dessous). Vivent les injonctions contradictoires de la société américaine qui réussit à être la société de la malbouffe et du zero risk. Les mamans doivent à la fois cuisiner les gâteaux à la maison mais ont aussi l’interdiction formelle d’utiliser un certain nombre d’aliments dits « toxiques ». Une « special bake sale force » se charge de punir les récalcitrantes. Les scénaristes s’en donnent à cœur joie dans l’exagération. Les mamans ne peuvent évidemment utiliser aucun conservateur, aucun produit GMO et autres poisons à acronyme en trois lettres, mais elles doivent de plus oublier les « nuts », le gluten, le soja, le lait, les œufs, le sucre, le sel, la farine… Le gâteau au rien, quel délice !

https://www.youtube.com/watch?v=UasyQnfW8Q0&feature=share

Les scénaristes ont-ils exagéré dans leur caricature de la société zéro risque ? Un chouia, mais un chouia seulement. Jeudi, je participais encore à un des mes meetings adorés d’Housewives du Wechester (la réunion de débrief de l’équipe bookfair) et du coup, avec quelques mamans nous blablations sur la fameuse galette que nous avions amoureusement préparée pour la classe de nos rejetons. La colère sourdait : les consignes du PTA étaient claires et sans appel. Pas de frangipane cette année. Après pas de bonbons à Halloween (remplacés par des clémentines), c’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est vrai quoi, une galette des rois aux pommes ce n’est pas une galette des rois ! Qui a envie d’être la reine des Pommes ? Oui mais voilà, les allergies aux arachides ont triplé aux Etats-Unis entre 1997 et 2010 Que fera-t-on quand il y aura en plus une allergie aux pommes : des galettes des rois au rien ! Heureusement, tout espoir n’est pas perdu car des études récentes ont montré qu’il ne faut pas fuir les arachides, au contraire. Plus les bébés sont exposés tôt aux noix et plus leurs mamans mangent de noix pendant leur grossesse moins les bébés ont de chance de développer des allergies par la suite. Alors il faut lancer une grande campagne nationale de prévention : futures mamans, la galette des rois à la frangipane ? Mettez-vous en jusque-là… Bon évidemment perdre ensuite les kilos en trop ça peut prendre des mois, voire des années. Mais là n’est pas l’objet de ma chronique.

 

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