Pour savoir ce que « Action » veut dire, D. Trump devrait lire « March » la BD de John Lewis

Si vous ne savez pas quoi lire ou quoi faire lire à vos adolescents pour Martin Luther King’s day, pensez à « March » de John Lewis, une BD en trois volumes qui raconte les coulisses du mouvement des Civil Rights telle que vécue par un de ses principaux activistes, l’actuel Congressman John Lewis. Il y a quelques jours, John Lewis a remis en cause la légitimité de Trump dans une interview sur NBC en mentionnant notamment l’interférence russe dans la campagne présidentielle. Le Donald plus que jamais affecté de tweetite aigue, et qui n’a que ça à faire, n’a pas pu s’empêcher de tweeter again (« Oops I tweeted again » comme chanterait Alec Baldwin dans Saturday Night Live), cette fois contre le héros des Civil Rights : “All talk, talk, talk — no action or results,” “Sad!”. Trump pense que Tweeter c’est agir sans doute. D’une certaine façon il a raison, puisque les marchés financiers sont corrélés à ses tweets. Plus le tweet est con plus le marché grimpe. Un des côtés positifs de son dernier tweet contre Lewis ? Les ventes du livre de M. Lewis ont augmenté (j’ai moi-même acheté la trilogie). Le Président-Elect contribue ainsi à l’éducation de certains d’entre nous à l’histoire du mouvement des Civils Rights. En lisant la BD, je me demande ce que Trump veut dire par « talk and no action ». Peut-être veut-il faire référence au fait que M. Lewis est le dernier survivant de tous les orateurs qui ont parlé à Washington le 28 août 1963 lorsque Martin Luther King a prononcé son fameux discours « I have a dream » (ce jour-là Lewis était le 6ème orateur, King le 10ème) ? Peut-être se dit-il qu’il était vraiment faignant dans sa façon de lutter contre la ségrégation raciale dans les commerces ou les transports ? C’est vrai quoi … jugez plutôt : poser son cul dans des restaurants à Nashwille en 1960 lors des sits-in, ou le poser dans des bus avec les Freedom riders ! Certes, il a été vaguement arrêté plusieurs fois et battu, notamment lors de la manifestation de Selma le 25 mars 1965. Mais de là à parler de « Bloody Sunday » c’est très overrated ! Juste quelques chiens qui vous mordaient les mollets et quelques matraques qui fracturaient des crânes, pas de quoi en faire tout un plat. D’ailleurs, ils n’avaient même pas le courage de se battre. Leur modèle ? Gandhi. Pfff… Ne pas répondre à l’insulte par l’insulte, ne pas répondre à la haine par la haine, quelle lâcheté. John Lewis raconte dans sa BD comment les jeunes étudiants noirs et blancs étaient formés pour leurs actes de résistance : ils faisaient des jeux de rôles dans lesquels ils se préparaient à être battus, insultés. Ils demandaient à leurs amis de leur cracher dessus pour apprendre à ne pas réagir à la provocation. Ils se préparaient juste à survivre. Il s’agissait aussi d’apprendre à aimer son ennemi. Résister, le regarder dans les yeux et ne pas se laisser déshumaniser devant la haine. C’est pas Trump qui suivrait une philosophie aussi stupide.

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